Les coulisses de l'opéra s'ouvrent à 15 collégiens de Sarcelles

Les coulisses de l'opéra s'ouvrent à 15 collégiens de Sarcelles

    Ce grand bâtiment tout en dorures et scultpures, la plupart ne sont jamais entrés dedans. Mais à partir de cette semaine, quinze collégiens de Sarcelles se rendront à l'opéra de Paris tous les mercredis après-midis pour découvrir les coulisses de cette institution légendaire fondée au XVIIe siècle. Baptisé «L'Opéra pour moi aussi», ce partenariat est le premier du genre signé avec une ville.«Pour plein de raisons, les habitants de ces quartiers n'ont pas accès au plus bel établissement culturel français, observe François Pupponi, député-maire PS de Sarcelles, lors de la signature de convention de partenariat, ce lundi soir. Nous souhaitons faire en sorte que cela change, on ne veut pas cantonner ces quartiers aux cultures urbaines. Ces jeunes là ont le droit de s'ouvrir sur les autres et choisir comme les autres ce qui leur plaît ou non.»« Donner aux jeunes des idées pour leur vie future »

    Sarcelles, ce lundi. Arlette se réjouit que sa fille Lythiana puisse bénéficier du programme de découverte des métiers de l'opéra. (LP/P.Co.) D'habitude, il n'est pas le premier à arriver en cours. Mais à l'ouverture des inscriptions pour « L'Opéra pour moi aussi », Ismaël, 13 ans, était le premier à attendre devant la porte, à 8 h 30. Une motivation qui lui a permis de faire partie des quinze heureux élus. « Je vais découvrir des métiers et beaucoup d'autres choses, glisse le jeune garçon d'Anatole France, qui aime le sport et le français, et n'est jamais allé à l'opéra. C'est un monde que je ne connais pas. Peut-être que ça me permettra de voir ce que je veux faire plus tard. » Un peu plus loin, Lythiana pouffe en apercevant son copain, venu, comme elle, assister à la signature de convention avec sa famille. « Moi j'aime bien l'opéra, le bâtiment est très beau, affirme, sûre d'elle, cette grande brune du même établissement. Mais c'est surtout un truc pour les grands bourgeois, les babtous (NDLR : toubabs, les blancs). » « Je trouve que c'est une superbe idée, ça peut donner aux jeunes plein d'idées pour leur vie future. Ils vont côtoyer des personnes qu'on ne voit qu'à la télé », se réjouit Arlette, sa maman.P.Co.A chaque séance, les jeunes suivront de près le travail des petites mains : électricien, couturière, menuisier, machiniste, éclairagiste ou ingénieur du son... «L'opéra, ce n'est pas que les tutus et les pointes. Plus de 120 métiers différents y sont exercés, soit 1500 employés permanents, détaille Jean-Philippe Thiellay, directeur-adjoint de l'opéra. Cela fait de nombreuses possibilités de métiers.»Car l'objectif, en plus de leur apporter de nouvelles connaissances, est aussi de susciter des vocations. Les quinze élèves, scolarisés en quatrième dans les collèges Anatole France et Victor Hugo classés réseau d'éducation prioritaire (REP), ont des profils de décrocheurs, un peu fâchés avec l'école. Tous sont volontaires et ont été choisis pour leur motivation. «Beaucoup ne savent même pas que ces métiers là existent. On veut leur montrer qu'il y a un autre monde de l'autre côté du périph'», résume Matthieu de Vriendt, directeur de la caisse des écoles. Il espère que certains pourront décrocher des stages d'observation de troisième l'an prochain.Dix-huit séances sont prévues jusqu'à la fin du mois de juin, hors vacances scolaires. En plus de l'observation, les jeunes participeront à des séances de pratique artistique, notamment d'instruments de musique. Ils seront aussi invités à assister à deux représentations, un ballet et un opéra.